Pourquoi respirer par la bouche n’est pas bon ?
La respiration nasale est la respiration physiologique et fonctionnelle pour nos enfants et nous-même.
La respiration buccale peut, quant à elle, entraîner de nombreuses conséquences sur :
- notre croissance de la face
- notre posture
- les traitements orthodontiques
- notre déglutition
- notre concentration
- notre comportement
- notre attention
Respirer par la bouche entraîne chez l’enfant de nombreuses répercussions sur sa santé.
Pourtant, dans une étude datant de 2015, 26 % des enfants sont respirateurs buccaux !
Quelles sont les plaintes des enfants qui respirent par la bouche ?
Les plaintes souvent relevées chez les adultes ayant une respiration buccale sont :
- apnées du sommeil
- ronflements
- essoufflement très rapide à l’effort lors d’une activité physique
- douleurs dans le dos et la nuque
- goût et odorat perturbés
- mauvaise haleine
- bouche sèche
- sommeil non réparateur
- éternuements très fréquents
- salivation abondante.
Par contre, nos enfants se plaignent rarement car leur situation leur paraît normale. En effet, chez eux, comme la respiration buccale est apparue progressivement, une accommodation à ces symptômes est souvent présente.
C’est à nous adultes d’aider nos enfants à prêter attention aux signes d’une respiration buccale.
Quels sont les 10 symptômes des enfants qui respirent par la bouche ?
Nous vous proposons donc un panel des 10 symptômes les plus fréquents qui vous aideront à reconnaître si votre enfant est un respirateur buccal.
Bouche ouverte
C’est le symptôme qui ne trompe pas ! Cela peut sembler logique d’ailleurs. Votre enfant ne respire pas par la bouche par plaisir. Il ne le fait pas non plus exprès et il ne s’en rend probablement même pas compte.
L’enfant avec une respiration buccale a souvent eu des moments d’encombrements respiratoires importants pendant un long moment. Et cette habitude de respirer par la bouche est restée.
Il est peut-être même encore gêné par des amygdales ou des végétations trop proéminentes, des rhinites allergiques chroniques, une déviation de la cloison nasale.
Il est donc important de faire vérifier l’intégrité de ses voies respiratoires par un ORL. Il pourra vous aider à identifier les causes de cette respiration buccale et ainsi en traiter l’origine. Cela permettra de connaître les facteurs de risque et de les prendre en compte même si cela ne suffit pas à rétablir une respiration nasale fonctionnelle. La respiration buccale s’ancre hélas vite dans nos petites habitudes.
ASTUCE : pensez à vérifier comment votre enfant respire. Chaque enfant est différent. Si votre enfant ne respire pas par la bouche durant la journée cela ne veut pas dire qu’il ne respire pas par la bouche la nuit. Allez donc vérifier également dans sa chambre à une heure assez tardive quand le sommeil est le plus profond [vers 23h minimum].
Fatigue
Eh oui, qui dit respiration buccale la nuit, dit sommeil de mauvaise qualité ou peu réparateur.
Respirer par la bouche empêche d’entrer dans la phase de sommeil profond.
ASTUCE : demandez à votre enfant quand il se lève s’il est bien reposé et cela plusieurs jours d’affilée. Pensez à le faire également hors période scolaire, lors des jours de repos comme le week-end.
Le ronflement nocturne n’est pas normal et indique un risque accru d’apnées du sommeil !
Cernes bleutés
L’oxygénation est moins bonne au niveau du nez. Le retour veineux n’est alors pas optimal, ce qui engendre une coloration bleutée dans la zone des sinus. Et la peau sous l’oeil est si fine que l’on voit au travers.
Oreiller trempé au réveil
Votre petit bout bave un peu la nuit ? Eh bien c’est qu’il avait la bouche ouverte ! Simple et facile à comprendre.
ASTUCE : pensez à vérifier tous les matins pendant plusieurs jours l’état de la taie d’oreiller. Cela vous informera de la possibilité d’une respiration buccale nocturne.
Soif durant la nuit et au réveil
Rappelez-vous quand vous avez eu un rhume. Vous dormez mal, vous vous réveillez avec une envie de boire, la bouche sèche, un peu pâteuse. Cela correspond à ce que l’enfant avec respiration buccale vit chaque jour.
ASTUCE : demandez-lui au réveil s’il a soif et laissez-lui un verre d’eau sur la table de nuit pour voir s’il s’en sert.
Troubles de la concentration/modifications du comportement
L’enfant avec respiration buccale dort mal, ses ressources cognitives et sa concentration sont donc plus limitées pour réaliser les tâches quotidiennes. Ces troubles de la concentration peuvent être majorés mais il est possible également de voir apparaître des modifications/troubles du comportement.
C’est généralement une respiration buccale chronique présente depuis un certain temps déjà qui peut entraîner ce genre de répercussions. Saviez-vous que 50 % des enfants diagnostiqués TDA/H sont respirateurs buccaux ?
ASTUCE : souvenez-vous que des modifications/troubles du comportement ou des difficultés de concentration peuvent également être le signe d’un TDA/H [Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité].
Afin de poser un diagnostic différentiel, pensez à faire réaliser une évaluation neuropsychologique chez votre enfant.
Visage allongé/croissance de la face
Alors là, vous allez nous dire mais quel est le lien ?
Quand un enfant respire par la bouche, sa langue est placée vers le bas dans la bouche plutôt que contre le palais.
Vous ne me croyez pas ? Faisons un test ! Ce n’est pas un canular mais une démonstration pratique. Ouvrez la bouche ! Voila, votre langue se retrouve au fond de la bouche, contre les dents inférieures. La langue ne peut pas être placée autrement, c’est systématique !
Si elle n’est pas placée au palais, elle ne peut pas stimuler la croissance en largeur de la mâchoire supérieure [le maxillaire]. Le palais devient creux [ogival] et la mâchoire inférieure longue et fine. Par conséquent, les dents n’ont plus leur place dans cette mâchoire devenue trop étroite.
ASTUCE : c’est avant 9 ans que le maxillaire est en croissance. Après cette période, les mâchoires trop étroites nécessiteront un appareil orthodontique pour presque toute l’adolescence afin de développer la mâchoire de manière transversale et de permettre aux dents d’avoir plus de place.
N’attendez donc pas pour réagir.
La thérapie myo-fonctionnelle en logopédie est très efficace pour éviter à votre enfant un suivi orthodontique long et onéreux.
Encombrement nasal plus fréquent
Une étude de 2015 indique que plus de 50 % des enfants respirant par la bouche ont des plaintes au niveau du nez : le nez est plus souvent encombré, il coule plus souvent, les éternuements sont plus fréquents, le nez démange.
C’est un peu le serpent qui se mord la queue. La respiration buccale est apparue le plus souvent suite à un encombrement du nez pendant une longue période ce qui entraîne un manque de pneumatisation [passage d’air dans les sinus] et des fosses nasales étroites. Tout cela rend donc le nez plus sensible aux attaques extérieures.
ASTUCE : pensez à désencombrer les fosses nasales de votre enfant avec un spray nasal tous les soirs avant d’aller se coucher ainsi que tous les matins au réveil. Et on se mouche le plus souvent possible !
Manque de dynamisme
C’est un des signes le plus fréquemment observé chez l’enfant avec respiration buccale : un manque de dynamisme. Votre enfant ne veut plus réaliser d’activité sportive [il est essoufflé très rapidement à cause de sa respiration inadéquate], il est tout le temps fatigué [il dort mal, c’est normal], il a envie de se reposer. Il n’a donc plus de goût pour les activités intellectuelles ou sportives.
ASTUCE : pour retrouver un enfant dynamique et bien dans sa peau, évaluez s’il présente les différents signes présentés dans cet article. Consultez alors si cela est nécessaire.
Perte d’appétit
Le dernier symptôme est la perte d’appétit.
Vous rappelez-vous des plaintes fréquentes chez les adultes respirateurs buccaux. Le goût et l’odorat sont perturbés.
L’étage nasal est sous-développé, les fosses nasales sont plus étroites, les sinus sont moins pneumatisés.
Le plaisir de manger, c’est aussi le plaisir de ressentir, de sentir ! Essayez donc de manger la bouche ouverte. Allez, faites un effort, c’est pour la bonne cause ! Si vous le faites, vous réaliserez que les aliments n’ont pas de goût.
Les enfants peuvent donc développer des troubles alimentaires ou présenter un surpoids très important. Une corrélation très importante est notée entre la respiration buccale et un BMI élevé.
Quel est l’impact de la respiration buccale sur la qualité de vie ?
Près de 50 % des enfants respirateurs buccaux ont une mauvaise qualité de vie. Des risques de déglutition atypique et de troubles articulatoires ainsi que de troubles de la posture sont également plus fréquents.
Un diagnostic interdisciplinaire auprès d’un ORL et d’un orthodontiste ainsi que d’une logopède spécialisée est indispensable pour traiter efficacement ce problème important.
Agissons vite ensemble, des solutions existent.
Article proposé par F. Gerber
(1) Bruwier, A. Limme, M. (2016). Ventilation buccale et SAOS chez l’enfant. L’Orthodontiste, vol. 5, n°4 pp 24-35
(2) Martins, D & al. (2014). The mouth breathing syndrome : prevalence, causes, consequences and treatment. Journal Surg Cl Res, vol.5 (1) p.47-55
(3) Pacheco MCT, Fiorott BS, Finck NS, Araujo MTM. (2015). Craniofacial changes and symptoms of sleep-disordered breathing in healthy children. Dental Press J Orthod. May-June; 20 (3) : 80-7
(4) Popoaski C & al. (2012). Evaluation from the quality of life in the oral breathers patients. Intl. Arch. Otorhinolaryngol., vol. 16 (1) p.74-81, Jan/Feb/March